Afrique Centrale: RDC-Rwanda - Le processus, conduit en partie par Washington, doit déboucher sur la signature de trois accords

Une nouvelle étape du processus en cours pour la résolution du conflit dans l'est de la RDC a eu lieu ce vendredi 2 mai 2025 à Washington, une semaine après la signature d'une déclaration de principes entre les ministres des Affaires étrangères, en présence du secrétaire d'État américain Marco Rubio. Kinshasa et Kigali étaient censées transmettre chacun, au plus tard ce 2 mai, des éléments devant figurer dans l'avant-projet d'accord de paix. Aucune communication n'a été faite par les deux délégations, qui travaillaient encore le soir du 2 mai sur leurs copies. Ce processus diplomatique, conduit en partie par Washington, est encore loin d'être terminé. C'est une étape dans un processus qui intègre au moins trois accords.

Ce 2 mai marquait une phase importante pour tenter de résoudre le conflit dans l'est de la RDC, mais le processus est encore en cours. Un brouillon initial d'accord de paix devait être présenté. Il doit ensuite être examiné par les experts congolais, rwandais et américains. Ce texte devait s'inscrire dans la continuité de la déclaration de principes signée une semaine plus tôt. Il suivra les grands axes définis : souveraineté territoriale, lutte contre les groupes armés, commerce des minerais, question des réfugiés, coopération régionale et rôle des forces internationales, notamment la Monusco.

Plusieurs voix se sont élevées cette semaine pour demander plus de transparence et d'inclusivité dans ces discussions sous la houlette des États-Unis. Pour le professeur Martin Ziakwau Lembisa, de l'université catholique du Congo, dont les propos ont été recueillis par Alexandra Brangeon du service Afrique de RFI, le problème premier est déjà l'opacité autours des discussions qui engagent des États.

« Nous constatons que le point de départ, ce n'est pas la reconnaissance de l'agression de la RDC par le Rwanda. Donc, on fait fi d'une réalité incontestable et on veut bâtir une autre réalité partant d'autres considérations essentiellement d'ordre économique. Oui, on peut, sur la base de cette nouvelle réalité, avec la pression des États-Unis, obtenir le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais, obtenir la fin de l'activisme militaire du M23, même s'il faut rappeler et souligner que le M23 n'est pas le seul groupe armé dans l'est de la RDC.

Donc, ça signifie que cela ne suffira pas pour résoudre le problème sur le fond. Mais surtout, cela ne pourrait pas suffire pour assurer une stabilité pérenne. Or, ce dont on a besoin, c'est de créer les conditions d'une résolution profonde de la situation pour une solution pérenne. Mais si, dans cette quête de garanties sécuritaire face au Rwanda, il y a opacité, puisqu'il n'y a pas de communication claire sur cette affaire, ça pose déjà un problème ».

Pas moins de trois accords en chantier

Trois accords sont attendus à ce stade dans le cadre de la médiation conduite par les États-Unis. Le premier est un accord de paix entre la RDC et le Rwanda, dont la signature est envisagée pour le mois de juin. En parallèle, deux accords économiques bilatéraux doivent être finalisés avec Washington.

Le premier concerne la RDC. Il prévoit des investissements de plusieurs milliards de dollars d'entreprises américaines dans les mines congolaises et les infrastructures associées.

Le second porte sur le Rwanda. Il concerne le développement des capacités de traitement, de raffinage et de commercialisation des minerais. Il est moins important en volume que celui signé avec la RDC, mais reste essentiel dans l'architecture globale du partenariat, selon une source diplomatique.

Un volet de coopération entre Kinshasa et Kigali est également en discussion, centré sur la chaîne de valeur minière. Les minerais extraits en RDC devraient transiter légalement par le Rwanda, pour y être traités, raffinés et exportés vers les États-Unis. « On peut aussi imaginer que la RDC sera également partie prenante dans le raffinage et la valeur ajoutée au sein des sociétés implantées au Rwanda. Il n'y aura pas de perdants », ajoute une source diplomatique.

Un « deal américain »

Ces trois accords, politique et économiques, sont interdépendants, et leurs contenus sont encore loin d'être finalisés. Cette semaine, plusieurs voix se sont élevées contre ce « deal américain » qui prévoirait des investissements contre la sécurité dans l'est du pays. Certains y voient le bradage des ressources naturelles du pays. La RDC peut toutefois profiter économiquement de ce deal estime le professeur Martin Ziakwau Lembisa, de l'université catholique du Congo. La captation des investissements américains contribuera économiquement, notamment en donnant des emplois aux Congolais.

Martin Ziakwau Lembisa, de l'université catholique du Congole sur le deal américain à double tranchant

Alexandra Brangeon À la fin du processus, il est prévu au mois de juin que les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame se rendent aux États-Unis pour la signature officielle de l'accord de paix, autour du président Donald Trump. D'autres chefs d'État africains seraient également invités. Mais on n'en est pas encore là. D'ici là, les discussions se poursuivent aussi à Doha, à plusieurs niveaux : entre Kinshasa et l'AFC/M23, mais aussi entre Kinshasa et Kigali.

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