La 43ème Commission technique et Plénière du Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) s’est tenue ce jeudi 15 mai à Dakar. Présidée par M. Edwin Harris Jr, Directeur général du GIABA, cette plénière marquant la toute première dans le cadre du troisième cycle des évaluations mutuelles du GIABA, a permis aux techniciens des États membres de faire le point sur les menaces et défis liés à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans la sous-région.
Pour M. Cheikh Mouhamadou Bamba Siby, Correspondant national du GIABA au Sénégal et Président de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), les réunions statutaires des instances communautaires, telles que la Commission technique et la Plénière du GIABA, constituent des cadres d’échange privilégiés où la réflexion collective se transforme en initiatives concrètes, et où les synergies interétatiques se renforcent, dans le but de consolider l'efficacité de leurs dispositifs nationaux, en parfaite cohérence avec la vision sécuritaire portée par la CEDEAO.
À cet effet, M. Harris Jr a porté l’accent sur deux rapports novateurs de typologies récemment publiés par le GIABA, notamment la « Typologie du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme relatif à la cybercriminalité en Afrique de l’Ouest » et la « Typologie du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme relatif aux crimes maritimes en Afrique de l’Ouest ».
Selon lui, ces rapports sont les premiers du genre dans la région et marquent une étape importante dans leurs efforts collectifs pour comprendre et juguler les menaces de criminalité financière en constante évolution.
A l’en croire, le rapport sur la cybercriminalité met en lumière la hausse alarmante de la criminalité numérique, notamment la compromission des courriers électroniques professionnels, les stratagèmes à la Ponzi et la fraude à l’argent mobile, qui sont tous de plus en plus utilisés pour blanchir les produits du crime et financer le terrorisme.
« Il révèle des vulnérabilités systémiques en matière de lois, de capacités et de coordination auxquelles il faudra remédier de toute urgence », a-t-il souligné. En ce qui concerne le rapport sur la criminalité maritime, le Directeur du GIABA estime qu’il « révèle comment nos eaux sont exploitées en vue du trafic, de la contrebande et de la piraterie, ce qui compromet la stabilité régionale et la sécurité économique ».
Il a tenu à préciser que « les deux études ne se contentent pas uniquement de diagnostiquer les menaces ; elles formulent également des recommandations claires, réalisables et adaptées à nos pays ». Par conséquent, il exhorte à tous les États membres du GIABA à prendre ces conclusions au sérieux en l’intégrant dans les recommandations sorties de leurs évaluations nationales des risques, de leurs cadres stratégiques et de leurs stratégies de mise en œuvre de la loi.

Car, il assure que « ces rapports ne constituent pas seulement des exercices académiques, mais aussi des outils stratégiques en vue d’une réponse ciblée et d’un renforcement de la résilience ».
C’est dans cette même perspective que le Représentant du Ministre de l’économie et des Finances, M. Bassirou Sarr, chef de cabinet du Ministre, a souligné les engagements du Sénégal en matière de transparence et de lutte contre la criminalité financière qui, selon lui, sont plus que de simples déclarations d’intention. « Ils incarnent une volonté politique, portée par les aspirations d’un peuple qui a choisi, par les urnes, une trajectoire de gouvernance nouvelle », a-t-il fait savoir.
Par ailleurs, M. Sarr a rappelé que le Sénégal a franchi une étape majeure en octobre 2024, en étant officiellement retiré de la liste grise du Groupe d’Action financière (GAFI). Pour lui, cette évolution décisive est l’aboutissement d’un engagement collectif remarquable et d’une forte mobilisation nationale autour du Comité national de Coordination (CNC) et avec l’appui de leurs différents partenaires.
La représentante du Président de la Commission de la CEDEAO, S.E. Mme Zelma Yollande NOBRE FASSINOU, pour sa part, salue l’efficacité du GIABA dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme dans la région.
« En 25 ans d’existence, le GIABA a conclu avec succès deux cycles d’évaluation mutuelle de ses États membres et lancé un troisième cycle en portant les dispositifs nationaux de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme de ses membres à un niveau globalement acceptable au regard des standards internationaux », s’est-elle réjouit.
En outre, elle estime que les défis actuels de la sous-région tels que le trafic d’armes, de drogue, la traite des personnes, la cybercriminalité, entre autres, « mitigent les résultats tangibles obtenus par la CEDEAO en 50 ans d’existence, notamment la libre circulation des personnes, le commerce intracommunautaire, ainsi que les efforts de développement et d’intégration régionale ». Pour relever ce défi, la Représentante de la CEDEAO doit s’assurer que l’organisme continental « fait résolument confiance au GIABA et à son réseau ».